[Article 1] [Article 2] [Article 3] [Article 4] [Article 5] [Article 6] [Article 7] [Article 8] [Article 9] [Article 10] [Article 11] [Article 12] [Article 13] [Article 14] [Article 15]

In MemoriamIrina Posnova

       Irène Posnoff

Une grande figure de l’œcuménisme nous a quitté en décembre 1997. Née à Kiev en 1914 dans une famille orthodoxe profondément chrétienne, Mademoiselle Posnoff a consacré sa vie au service de l'unité de l’Église. Très jeune elle avait appris par son père, professeur d’histoire de l’Église à l’Académie Théologique de Kiev, à ne pas se résigner à la division des chrétiens, elle en souffrait et toute sa vie elle mobilisa avec passion son énergie pour hâter le retour à l"unité entre les Eglises catholiques et orthodoxes.

Réfugiée en Bulgarie après la révolution bolchevique, elle termina ses études secondaires classiques à Sofia où elle entra en contact avec le Nonce Apostolique, Giuseppe Roncalli (futur pape Jean XXIII) qui lui obtint une bourse d'études du Fonds Cardinal Mercier spécialement destiné aux étudiants émigrés russes. Elle s’inscrivit à la faculté de philologie classique à l’Université de Louvain, où elle obtint son doctorat. Entre-temps, elle entra en communion avec Rome, puis prononça des voeux religieux privés et perpétuels.

Pendant la deuxième guerre mondiale, Irène s’ingénia à aider les prisonniers de guerre soviétiques qui travaillaient dans les mines du Limbourg et, après les hostilités, les réfugiés russes qui étaient restés en Belgique.

En 1945, elle fonda les éditions "Jizn s'bogom" (La vie avec Dieu) qui devinrent rapidement une oeuvre remarquable et remarquée par le Cardinal Tisserant, préfet de la Congrégation pour les Eglises Orientales qui l’invita à Rome et l’encouragea dans son engagement oecuménique. En 1950, Irène fut chargée de rédiger et d’éditer une revue catholique russe «La Russie et l"Eglise Universelle» qui eut un certain retentissement et pour laquelle Irène eut l’intelligence de s’assurer la collaboration d'éminents orthodoxes. A cette époque elle collabora aussi avec Mgr Suenens à la fondation en Belgique de la «Légion de Marie».

Lors de l"Expo 58, Irène et ses collaborateurs du Foyer Oriental Chrétien entrèrent en contact avec plus de 3.000 visiteurs soviétiques, ce qui donna une impulsion décisive aux éditions «La vie avec Dieu» qui publièrent plus de 160 ouvrages religieux pour répondre à l'absence totale de littérature spirituelle du peuple russe. Environ deux millions d'exemplaires entrèrent en URSS, souvent par des voies détournées. De nombreux Hiérarques russes l’en remercièrent et certains vinrent même la saluer lors de leur passage en Belgique.

En 1964, Irène rencontra à Paris un archevêque de Sibérie qui lui demanda de participer à l’évangélisation de son peuple par l’intermédiaire de la radio. Après beaucoup de recherches, les émissions religieuses à destination de l’Union Soviétique débutèrent sur les ondes de Radio Monte-Carlo.

Ce résumé des activités dont elle fut la cheville ouvrière démontre à lui seul comment Irène Posnoff a mis en œuvre toutes ses capacités au service de l’Église: son intelligence (elle parlait 9 langues) sa forte volonté et sa capacité d'organiser son travail en s’entourant de collaborateurs efficaces. Mais le succès de ses entreprises réside surtout dans son entier dévouement à Dieu, à son prochain et à sa vocation oecuménique. Prière et travail étaient incessants et étroitement liés.

Sa fidélité à ses voeux religieux fut admirable. Pauvreté dans l’habillement (elle portait les vêtements que lui offraient ses amies) elle ne reçut jamais aucun traitement pour son travail, se contentant de la nourriture et du logement du Foyer Oriental Chrétien. Humilité profonde malgré sa nature forte et riche de qualités, jamais on ne la vit en colère et, lorsqu’elle était vraiment contrariée, elle préférait se retirer dans la solitude de sa chambre, véritable cellule monastique.

S’il est vrai que, aux yeux de certains orthodoxes, elle défendait des idées œcuméniques un peu trop «uniates» et de réintégration des Eglises séparées, elle avait aussi un grand respect pour la réalité de ces Eglises et s’est toujours efforcée de répondre aux attentes et demandes formulées par les Orthodoxes. Cet amour et respect de l’autre, cette vraie charité chrétienne envers les Eglises Orthodoxes, resteront un exemple pour tous ceux qui œuvrent au retour à l’unité des Eglises Chrétiennes. En cette année consacrée au Saint Esprit, prions-le pour que s’approche le temps d’un Concile de réconciliation entre Catholiques et Orthodoxes, qu’à la suite de son père, Irène appelait de ses vœux et de ses prières.


[Début de cet article]              [terug naar Tijdschrift]