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Dans le dernier numéro de "La Voix de Saint-Jean-le-Précurseur" (4ème trim 1997), deux articles étaient consacrés à la situation actuelle de l’Église orthodoxe en Russie. Depuis lors, cependant, nombre d’événements ont eu lieu, qui nécessitent la présente "mise à jour" en la matière.

Le premier article, dans lequel M. Jan Grootaers abordait la question des "tendances anti-œoecuméniques en Russie", faisait ainsi mention du Père Georges Ziablytsev, l’un des prêtres orthodoxes russes largement ouverts aux questions œcuméniques (il était d’ailleurs chargé, au sein du Patriarcat de Moscou, des rapports avec l’Église catholique). Or, - hasard ou signe des temps ? - ce prêtre a été assassiné, le 24 septembre 1997, dans son appartement moscovite. Bien que l’enquête privilégie l’hypothèse du crime crapuleux, on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec d’autres cas semblables, et de s’inquiéter pour l’avenir de l’Église en Russie.

Une autre cause d’inquiétude est due, sans conteste, à l’adoption de la nouvelle loi de la Fédération de Russie "sur la liberté de conscience et les organisations religieuses". Dans l’article intitulé "Politique et religion en Russie aujourd’hui", nous écrivions que la très libérale loi de 1990 sur ce sujet avait failli être amendée dans un sens plus restrictif. Cet amendement a bien eu lieu: la nouvelle loi en la matière fut votée par le Parlement russe les 19 et 24 septembre 1997, et signée par le président Eltsine le 29 septembre. Désormais en vigueur, cette loi favorise nettement les cultes "traditionnels" du peuple russe et limite les droits des religions considérées comme "étrangères" ou "minoritaires". Fort controversée, cette nouvelle législation soulève de nombreuses questions qui n’ont pas trouvé de réponses véritables.

Dans les vieux contes russes, il se trouve toujours un moment où, arrivé à un carrefour, le héros apprend que, suivant la voie qu’il prendra, il perdra telle chose mais gagnera telle autre. Et de son choix dépend la suite de l’histoire.. Or, en Russie, l’Église est plus que jamais "à la croisée des chemins". Il est donc temps, pour elle, de faire son choix.

Serge MODEL
Licencié en Sciences politiques (UCL)
Prix Boehringer Mannheim Belgium des relations internationales 1997


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