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Nouvelles des Églises Orthodoxes

Pour rompre avec un certain discours ambiant, nous avons délibérément choisi des nouvelles positives et encourageantes…

A Decani, des moines luttent pour l'entente entre Serbes et Albanais

DECANI (Yougoslavie), 18 oct (AFP – reportage par Calin NEACSU ) – "Vivez en paix et bonne entente, écoutez la parole de Dieu", chantent en chœur lors de la messe de dimanche les moines du monastère orthodoxe de Visoki Decani, dans l'ouest du Kosovo. Les traits figés, une dizaine de policiers serbes en uniforme se signent. "Ils sont venus sans armes car j'ai l'ai exigé. Ils savent que c'est interdit dans ce lieu saint", explique le père Sava Janjic. Avec lui, la trentaine de moines vivant dans ce monastère du 14ème siècle, merveilleusement conservé, s'efforcent de jeter un pont d'entente entre les Serbes et les quelques Albanais qui n'ont pas fui Decani lors des offensives serbes de l'été. Dans cette petite ville, désertée par la majorité albanaise, la plupart des maisons sont calcinées et des transports de troupes blindés serbes patrouillent sans cesse.

Le Père Sava craint les hommes de l'UCK qui l'accusent "à tort", selon lui, d'avoir transformé ce lieu de recueillement en "caserne serbe". Mais, par son discours très critique envers les autorités de Belgrade, ce prêtre de 33 ans défie surtout les policiers serbes qui voient d'un mauvais œil son action dans la région.

"J'estime que la politique (du président yougoslave Slobodan) Milosevic est erronée. Les premiers qui en souffrent sont les Serbes", dit-il d'une voix grave en caressant sa barbe. Alors qu'une mission technique de l'OSCE est arrivée dimanche à Pristina, chef lieu du Kosovo, le père Sava, respecté par les Kosovars selon de nombreux témoignages recueillis, affirme: "C'est un bon signe. J'espère que grâce à leur présence, les deux parties finiront par trouver une solution négociée à la crise". "Certes, les Albanais sont majoritaires, mais en même temps, les Serbes méritent de vivre dignement dans cette province qui est le berceau de leur civilisation", ajoute-t-il.

Les cloches annoncent la fin de la messe. Le père Sava estime que, grâce à ses contacts avec la population albanaise, l'Église orthodoxe de Serbie peut jouer un rôle plus concret et plus efficace que celui des politiciens serbes pour réconcilier les deux communautés. Il assure rendre visite régulièrement aux Kosovars des environs, lors de distributions de nourriture et de médicaments. Il reconnaît pourtant que son discours n'a pas eu l'effet escompté sur les quelque 700 Serbes, la plupart des réfugiés, qui vivent dans cette commune jadis majoritairement albanaise.

Endimanché, un Serbe d'une soixantaine d'années embrasse la main du prêtre. "C'est dommage qu'on soit si peu nombreux aujourd'hui à la messe", dit-il. Une vingtaine de personnes seulement, dont la moitié des policiers, écoutent dans une atmosphère solennelle le service religieux. "Malheureusement, la plupart des Serbes se fient à Milosevic au lieu de se vouer à Dieu. C'est là notre plus grand malheur", note amèrement le prêtre. Il affirme redouter d'éventuelles représailles de la part des autorités serbes mais, explique-t-il sereinement, "ma vie est dans les mains de Dieu".

Samedi, le patriarche Pavle, chef de l'Église orthodoxe serbe, a condamné une nouvelle fois toute forme de terreur au Kosovo, estimant que "aucun problème ne peut être réglé par la violence et des représailles". Pour le père Sava, la confiance pourrait revenir entre les deux communautés "uniquement si ceux qui sont responsables de crimes, Albanais et Serbes, arrivent à être traduits en justice".

BELGRADE : l'Église serbe dénonce l'escalade de la violence au Kosovo

(SOP 231 – sep. /oct. 1998)

Dans un communiqué officiel daté du 9 juillet, te saint-synode de l'Église orthodoxe serbe a adressé un "appel urgent" aux Serbes, aux Albanais et à la communauté internationale, leur demandant de tout mettre en œuvre pour mettre un terme à l'escalade de la violence au Kosovo "par des moyens pacifiques et démocratiques". Les évêques du saint-synode, placé sous la présidence du patriarche PAUL 1er, primat de l'Église serbe, ont exprimé leur "profonde inquiétude" devant le "nombre croissant" de victimes parmi la population civile du Kosovo. Ils ont appelé à "la tolérance, la cohabitation interethnique et [au] respect des droits de chaque individu". Cinq jours plus tard, ils ont reçu une délégation de diplomates étrangers en poste à Belgrade, auxquels ils ont expliqué la position de l'Église face à la crise du Kosovo et réaffirmé leur soutien à une solution pacifique qui prenne en considération les droits des deux communautés, tant serbe qu'albanaise.

"L'Église lance un appel urgent aux responsables des peuples serbe et albanais ainsi qu'à la communauté internationale, et les exhorte à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin aux violences" et résoudre, "à travers un dialogue sans condition', les problèmes qui se sont accumulés au Kosovo, indique le communiqué signé par les membres en exercice du saint-synode de l'Église serbe, le patriarche PAUL 1er, le métropolite AMFILOHIJE du Monténégro, l'évêque CHRYSOSTOME du Banat, l'évêque ARTEME de Prizren et l'évêque IGNACE de Branioevo. Les évêques serbes demandent également que l'Église soit associée à toutes les discussions sur l'avenir du Kosovo, faisant valoir que dans cette région sont situés le siège historique du patriarcat serbe, au monastère de Pec, ainsi que d'autres hauts lieux du monachisme et de la spiritualité serbes.

Le 13 juillet, des conseillers des ambassades des États-Unis, de la Russie, de la Grande-Bretagne, de l'Italie, de l'Australie et de l'Ukraine à Belgrade ont été reçus, à la demande de l'Église serbe, par le patriarche PAUL 1er et les membres du saint-synode, afin d'avoir des entretiens sur la situation au Kosovo. Les membres du saint-synode ont exposé leur point de vue, soulignant l'importance du Kosovo dans la culture chrétienne de l'Europe balkanique, devait rapporter une dépêche de l'agence de presse yougoslave Tanjug. Ils ont également fait part de leur analyse du conflit actuel et des moyens qui, selon eux, permettraient de trouver une solution. Le saint-synode a demandé aux six nations du groupe de contact, aux gouvernements des autres pays et aux instances internationales de faire tout ce qui était possible pour empêcher une tragédie au Kosovo et de favoriser une solution négociée et pacifique qui préserve les intérêts de toutes les parties en présence, indique un communiqué du patriarcat serbe, cité par l'agence Tanjug. Le synode a rappelé que les droits des Serbes au Kosovo ainsi que ceux de la minorité serbe en Albanie étaient bafoués depuis plus de cinquante ans et devaient être eux aussi pris en compte dans le règlement de la crise actuelle, au même titre que ceux des Albanais du Kosovo. Les diplomates étrangers ont pour leur part salué le rôle positif de l'Église orthodoxe serbe dans la recherche d'une solution pacifique.

Cette rencontre intervient trois semaines après que l'évêque ARTEME de Prizren, qui dirige le diocèse de l'Église orthodoxe serbe au Kosovo, ait dénoncé le parti pris de l'émissaire spécial des États-Unis dans l'ex-Yougoslavie, Richard HOLBROOKE, en faveur des Albanais du Kosovo. -Il est difficile de comprendre et encore plus difficile d'accepter que la paix puisse être obtenue en n'ayant des contacts qu'avec une seule des parties en présence'; avait déclaré l'évêque ARTEME dans une lettre ouverte, communiquée à la presse le 25 juin. Reprochant au diplomate américain, qui se trouvait dans les Balkans depuis le 22 juin pour tenter de renouer le dialogue entre les indépendantistes albanais et le gouvernement de Belgrade, d'avoir passé dix heures au Kosovo en compagnie de responsables albanais, sans chercher à rencontrer les représentants de la communauté serbe locale, l'évêque serbe s'était interrogé sur les raisons de cette attitude partisane : ~Comment comprendre et expliquer que vous soyez passés à Prizren sans rencontrer l'évêque du lieu ? '-Il avait également reproché à Richard HOLBROOKE de ne pas s'être rendu, lors de son escale à Decani, au monastère orthodoxe qui s'y trouve, où se sont réfugiés de nombreux Serbes ayant fui les zones de combats. "Vous auriez ainsi connu le sort amer de ceux qui sont devenus des réfugiés dans leur propre patrie", avait encore fait remarquer l'évêque ARTEME.

 

Pacte de non agression entre les Églises orthodoxe et uniate

BUCAREST, 30 oct (AFP) - L'Église uniate (catholique romaine de rite oriental) roumaine et l'Église orthodoxe ont conclu à Bucarest un pacte de non agression, renonçant à leur querelle publique sur la restitution des lieux de culte, a-t-on appris vendredi de sources religieuses.

Lors d'une rencontre œcuménique présidée par le métropolite Daniel de Moldavie (orthodoxe), le métropolite Lucian (uniate) et le représentant du Vatican Mgr Francesco Pio Tamburino (catholique), les deux parties se sont engagées dans un document à "renoncer à occuper des églises par la force et à engager des poursuites judiciaires". Les hauts prélats des deux cultes ont par ailleurs convenu "d'analyser au cas par cas les situations où des services alternatifs doivent être célébrés dans une même église". "Ce dont nous avons besoin actuellement est l'instauration d'un climat de confiance réciproque", ont souligné les deux parties.

Cette rencontre est intervenue deux mois après une conférence œcuménique accueillie par Bucarest, au cours de laquelle les orthodoxes, majoritaires en Roumanie avec près de 20 millions de fidèles, ont donné leur accord de principe sur une visite du pape Jean Paul II dans ce pays en 1999. L'Église orthodoxe s'était dans un premier temps opposée au projet de visite papale. Dans le passé plusieurs incidents ont éclaté entre fidèles des deux cultes, lorsque des orthodoxes ont refusé respecter des décisions de justice restituant aux uniates plusieurs lieux de culte. L'Église uniate, qui reconnaît l'autorité du pape, mais dont la liturgie est orthodoxe, ne compte plus que 225.000 fidèles en Roumanie, contre 2,5 millions au moment de son interdiction par les communistes en 1948. Plusieurs dizaines d'églises uniates avaient à cette époque été attribuées aux orthodoxes. Plusieurs centaines de ses prêtres sont morts en prison, après avoir refusé d'être convertis à l'orthodoxie. Une nouvelle commission des deux communautés religieuses doit se réunir le 28 janvier à Blaj (centre) afin de mettre au point au cas par cas les détails pratiques dans chaque diocèse.

Pour sourire un peu …

ATHENES 03/10 (AFP) - Le "syndicat" des popes orthodoxes grecs a appelé à une réforme vestimentaire pour ses membres, jugeant que le port obligatoire de la soutane décourageait de nombreux candidats à la prêtrise, faute notamment d'être assez séduisant pour les femmes, relevait samedi la presse grecque.

Le père Evstathios Kollas, président de l'Association du clergé grec, une sorte de syndicat des popes, a lancé cette revendication vendredi dans des déclarations à la presse grecque, selon les journaux.

Sans réclamer la suppression pure et simple de la longue soutane noire arborée par les popes, il a jugé que ce vêtement devait être "simplifié". Il a notamment invoqué le fait que les éventuels candidats à la prêtrise redoutaient de ne pas pouvoir trouver d'épouse avec un tel habillement, assorti en outre du port obligatoire d'une longue barbe et d'un chignon. L'Orthodoxie permet à ses prêtres de se marier.

L'ultra-conservateur dirigeant de l'Église orthodoxe grecque, Mgr. Christodoulos avait exclu toute réforme vestimentaire pour les popes après son élection au printemps dernier, les appelant au contraire à veiller davantage à leur bonne tenue.

Le père Kollas s'en est par ailleurs pris à l'absence de transparence financière au sein de l'Église, et a réclamé que les dignitaires soient obligés de justifier de l'origine de leurs revenus, comme y sont astreints les députés et journalistes grecs. Créditée d'une immense fortune sur laquelle elle a toujours gardé le silence, l'Église orthodoxe, non-séparée de l'État, est actuellement déchirée autour d'affaires financières impliquant des membres du haut-clergé.

Les prêtres mariés catholiques de rite oriental refusent de quitter la Pologne

VARSOVIE, 17 août (AFP) – Aucun des sept prêtres catholiques de rite oriental, mariés, de nationalité ukrainienne mais exerçant en Pologne, n'a quitté ce pays, refusant d'obéir à l'injonction du Vatican, a-t-on appris lundi auprès de leur diocèse à Przemysl (est). Ex-orthodoxes ralliés au Saint-Siège depuis l'Union de Brest conclue en 1596, les prêtres dits "uniates" avaient gardé le droit de se marier, comme cela se pratique dans l'Église orthodoxe.

Après la chute du communisme, les fidèles "uniates", essentiellement d'origine ukrainienne, vivant en Pologne ont repris largement leurs pratiques religieuses et, pour répondre à leurs besoins, plusieurs prêtres ukrainiens, dont sept mariés, se sont établis dans ce pays. Huit prêtres mariés polonais de rite oriental exercent également leur sacerdoce. Au total, un prêtre uniate sur cinq est marié en Pologne.

Leur cohabitation avec le clergé catholique de rite latin, soumis à la règle du célibat, aurait incité certains ecclésiastiques polonais à demander au Vatican d'intervenir pour y mettre fin. Le 4 mars dernier, le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d'État, a écrit au nonce apostolique à Varsovie, Mgr Jozef Kowalczyk pour demander que les prêtres ukrainiens "rentrent dans leur diocèse d'origine dès que possible".

Pour les remplacer, Mgr Sodano a proposé d'avoir recours aux prêtres "bi-rituels" - autorisés à célébrer la messe aussi bien selon le rite latin que selon le rite oriental. Tant l'invitation au départ des prêtres mariés que la suggestion de les remplacer par des ecclésiastiques "bi-rituels" - par ailleurs très peu nombreux - ont été vivement dénoncées par les fidèles de rite oriental dans trois lettres ouvertes adressées tant au cardinal Sodano qu'aux autorités de l'Église catholique polonaise. Selon les signataires, dont plusieurs intellectuels de renom, la demande du Vatican serait en contradiction avec les termes de l'Union de Brest.


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